Par Marc-Olivier Laramée
Chacune des grandes écoles de musique de Montréal a son orchestre symphonique. Par contre, rarement peut-on voir des collaborations entres ces formations. L’Orchestre symphonique de l’Agora est l’exception. Récemment créé, il regroupe des musiciens de l’Université de Montréal (UdM) ainsi que de l’Université McGill. Offrant aux jeunes musiciens la possibilité d’interpréter des œuvres du répertoire symphonique, sa vocation unique le distingue de tous les autres orchestres : soutenir les causes sociales et environnementales. Cette toute première saison se terminait avec un concert au profit de la fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants. En première partie, quoi de mieux que le chœur de l’école des jeunes de l’UdM pour ouvrir le concert avec des extraits d’opéra. Puis, le très connu Concerto pour violoncelle de C. Saint Saëns avec Noémie Raymond-Fiset comme soliste. En deuxième partie, le compositeur impressionniste Claude Debussy.
Le choix du chœur d’enfant pour ouvrir le concert était très approprié. Le chant était d’une justesse surprenante pour des enfants de cet âge. La pièce de résistance suivit, le concerto pour violoncelle. Finissante à la maîtrise, Noémie vient tout juste d’avoir la chance d’interpréter ce concerto à un cours de maître de nul autre que Yo-Yo Ma. L’auditoire a pu remarquer le travail fait à la suite de cette rencontre avec M. Ma. Ce dernier lui avait dit : « Lorsqu’on joue sur scène, il faut entrer en contact avec la musique et surtout le public. Il faut écouter l’orchestre ou le piano et laisser cours à la musique. » Ce fut le cas samedi soir. Dans le deuxième mouvement, à un certain point, le chef d’orchestre cessa même de diriger et laissa cours à la musicalité des instrumentistes et de la soliste. Ce fut un beau moment !
Debussy reçut un bel hommage. Le jeune chef Nicolas Ellis laissa paraître une connaissance approfondie de l’œuvre du compositeur français. Le Prélude à l’après-midi d’un faune fut le clou du concert. En concert, les orchestres semi-professionnels peinent souvent à rendre justice à l’œuvre interprétée. Le nombre restreint de répétitions y est pour beaucoup. Dans le cas présent, les musiciens semblaient transportés. Le lien si important devant unir un chef et son orchestre était bien établi. La section des vents s’est démarquée par la solidité des solos : hautbois, basson, clarinette et, tout particulièrement, la flûte traversière. On pourrait qualifier cette interprétation de quasi parfaite. Pour terminer le concert, La Mer ! Une pièce qui mit Dutoit et l’OSM sur la carte des grands orchestres. L’Orchestre de l’Agora l’a bien exécutée malgré un manque d’unité dans certains passages. Le finale a confirmé la solidité des cuivres et des cordes. Jeune, mais solide. L’Orchestre de l’Agora est unique de par sa vocation, mais l’est tout autant de par ses qualités musicales.